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pêcher les parties intéressées d’avoir, l’une avec l’autre, des communications qui peuvent tendre à la manifestation de la vérité.

Cependant le héraut s’adressait en ces termes à Rébecca :

— Damoiselle, notre honorable et révérend grand maître demande si tu as un champion pour livrer bataille aujourd’hui à ta place et pour ta cause, ou si tu te reconnais justement et légalement condamnée à mort.

— Dites au grand maître, répondit Rébecca, que je maintiens mon innocence, et que je ne reconnais pas la justice de la sentence qui m’a condamnée, ne voulant pas que mon sang retombe sur ma tête. Dites-lui que je demande tel délai que ses lois permettent de m’accorder, afin de voir si Dieu, dont la bonté suprême vient souvent à notre secours au dernier moment, me suscitera un libérateur. À l’expiration de ce délai, que sa sainte volonté soit faite !

Le héraut porta cette réponse au grand maître.

— À Dieu ne plaise, répondit Lucas de Beaumanoir, que juif ou païen eût à nous accuser d’injustice ! Jusqu’à ce que les ombres descendent de l’occident à l’orient, nous attendrons pour voir s’il se présentera un champion pour cette femme malheureuse. Passé ce délai, qu’elle se prépare à la mort.

Le héraut redit à Rébecca les paroles du grand maître ; elle inclina la tête en signe de soumission, croisa les mains sur sa poitrine, et, les yeux levés au ciel, semblait attendre de là un secours qu’elle ne pouvait guère espérer des hommes.

En ce moment de terrible attente, la voix de Bois-Guilbert vint frapper son oreille. Ce n’était qu’un murmure, et cependant cette voix la fit tressaillir plus que ne l’avait fait la sommation du héraut.

— Rébecca, dit le templier, m’entends-tu ?

— Je n’ai rien à entendre de vous, homme cruel et farouche, répondit la jeune fille.

— Tu m’entends cependant, et le son de ma voix m’é-