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XLIII


Notre histoire nous oblige maintenant de revenir à l’extérieur du château ou préceptorerie de Templestowe, vers l’heure où allait être jeté le sanglant coup de dé qui devait décider de la vie ou de la mort de Rébecca.

C’était une scène de bruit et de mouvement, comme si tous les alentours avaient réuni leurs habitants à une assemblée de village ou à une fête champêtre ; mais le plaisir inhumain que produit la vue du sang et de la mort, n’appartient pas exclusivement à ces temps d’ignorance, quoique alors on fût habitué à voir les arènes de la chevalerie fréquemment ensanglantées, soit par les combats singuliers, soit par les combats généraux. Même de nos jours, où les principes de la morale sont mieux compris, une exécution capitale, un combat de boxeurs, une émeute ou une assemblée de réformateurs radicaux attire toujours la foule, et réunit à leurs risques et périls une multitude de spectateurs qui, pour la plupart, n’ont d’autre intérêt à l’événement que de voir comment les choses se passeront et si les héros du jour sont, pour employer le langage des tailleurs en émeute, des coqs ou des canards. Une foule considérable avait les yeux fixés sur la porte de la préceptorerie de Templestowe, dans le but de contempler la procession, tandis qu’un peuple encore plus nombreux entourait déjà le champ clos attenant à cet établissement.

Cet enclos se composait d’un plateau de terrain contigu à la préceptorerie, qu’on avait nivelé soigneusement pour le rendre propre aux jeux chevaleresques et aux exercices militaires. Ce champ clos occupait le bord d’une colline douce et facile, et était entouré de palissades ; et, comme les