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IVANHOÉ.

en interrompant le roi à son tour, j’espère que votre demande ne se rapporte qu’à vous et non à d’autres ; car, en ce qui concerne l’honneur de ma maison, il serait peu convenable qu’un étranger voulût intervenir.

— Aussi, ne veux-je le faire, répondit le roi avec douceur, qu’autant que vous reconnaîtrez vous-même l’intérêt qui m’y porte. Jusqu’à ce moment, vous n’avez vu en moi que le chevalier noir au cadenas, connaissez maintenant Richard Plantagenet.

— Richard d’Anjou ! s’écria Cédric en reculant de surprise.

— Non, noble Cédric, Richard d’Angleterre, dont le plus cher intérêt, le plus profond désir est de voir tous ses enfants unis ensemble sans distinction de race. Eh bien ! noble thane, ton genou ne pliera-t-il pas devant ton roi ?

— Il n’a jamais plié devant le sang normand, répondit Cédric.

— Réserve donc ton hommage, dit le monarque, jusqu’à ce que j’aie prouvé que j’en suis digne, en protégeant également les Normands et les Anglais.

— Prince, répondit Cédric. J’ai toujours rendu justice à ta bravoure et à ton mérite. Je n’ignore pas tes droits à la couronne, comme descendant de Mathilde, nièce d’Edgar Atheling et fille de Malcolm d’Écosse… Mais Mathilde, quoique de sang royal, n’était pas héritière de la monarchie saxonne.

— Je ne veux pas discuter ici mes droits, noble thane, dit Richard avec calme ; mais je te dirai de regarder autour de toi, et de voir quel autre titre tu trouveras à opposer au mien.

— Est-ce pour de tels discours, prince, que tu es venu ici ? continua Cédric ; est-ce pour me rappeler la ruine de ma race avant même que la tombe se soit fermée sur le dernier rejeton de la royauté saxonne ?

Son visage s’assombrit en prononçant ces paroles.

— C’est un acte d’audace, ajouta-t-il, et de témérité.