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IVANHOÉ.

— Si je ne pensais pas que j’entends une voix dont il ne faut pas disputer les ordres, répondit le yeoman, j’enverrais une flèche à ce scélérat, et elle lui épargnerait la fatigue d’un long voyage.

— Tu portes un cœur anglais, Locksley, dit le chevalier noir, et c’est à ton bon droit que tu juges qu’il est de ton devoir d’obéir à mes ordres. Je suis Richard d’Angleterre.

À ces mots, prononcés d’un ton de voix majestueux qui convenait au rang élevé et au caractère non moins distingué de Cœur-de-Lion, tous les yeomen s’agenouillèrent devant lui, prêtèrent serment de fidélité, et implorèrent le pardon de leurs offenses.

— Levez-vous, mes amis, leur dit Richard d’un ton gracieux, en les regardant d’un air qui prouvait que sa bonne humeur habituelle avait déjà dompté la violence de son emportement.

Ses traits ne conservaient plus aucune marque de la lutte désespérée et si récente qu’il venait de soutenir, sauf la rougeur produite par la fatigue.

— Relevez-vous, continua-t-il, mes amis ; vos méfaits, soit dans la forêt, soit dans la campagne, ont été expiés par les services loyaux que vous avez rendus à mes sujets opprimés sous les murs de Torquilstone, et par le secours que vous avez apporté aujourd’hui à votre souverain. Levez-vous, mes vassaux, et soyez à l’avenir de loyaux sujets. Et quant à toi, brave Locksley

— Ne me nommez plus Locksley, monseigneur ; je dois me faire connaître sous le nom que la renommée aura, je le crains, trop largement répandu pour n’avoir pas été porté même jusqu’à votre oreille royale. Je suis Robin Hood, de la forêt de Sherwood.

— Le roi des outlaws, le prince des bons compagnons ! s’écria Richard. Qui n’a pas entendu citer un nom qui a été porté jusqu’en Palestine ? Mais sois assuré, brave outlaw, qu’aucune action commise pendant notre absence et pen-