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IVANHOÉ.

grand maître, et le mot fut répété solennellement par toute l’assistance.

— Mes frères, dit Beaumanoir, vous savez que nous aurions pu refuser à cette femme la faveur de l’épreuve par le combat ; mais, bien qu’elle soit juive et infidèle, elle est aussi étrangère et sans protecteur, et à Dieu ne plaise qu’elle ait réclamé de nous sans l’avoir obtenue la protection de nos lois tutélaires. Nous sommes, d’ailleurs, chevaliers et soldats aussi bien que prêtres, et ce serait pour nous une honte de refuser, sous aucun prétexte, un combat qui nous est offert. Voici donc, mes frères, l’état de l’affaire. Rébecca, fille d’Isaac d’York, est accusée, sur maintes circonstances plus que suspectes, d’avoir employé des sorcelleries contre la personne d’un noble chevalier de notre ordre sacré, et elle réclame le combat pour prouver son innocence. À qui, mes frères révérends, êtes-vous d’avis que nous délivrions le gage du combat, le désignant en même temps pour notre champion sur le champ clos ?

— À Brian de Bois-Guilbert, que la cause intéresse principalement, dit le précepteur de Goodalricke, et qui toutefois sait mieux que personne où est la vérité dans cette affaire.

— Mais, s’écria le grand maître, si notre frère Brian est sous l’influence d’un charme ou d’un sortilège ? Nous faisons cette observation seulement par prudence, car il n’y a personne au bras duquel nous puissions confier avec plus d’assurance cette cause, ou toute autre plus importante.

— Mon révérend père, répondit le précepteur de Goodalricke, il n’y a pas de charme qui puisse affecter le champion qui s’offre à combattre pour le jugement de Dieu.

— Tu parles bien, mon frère, dit le grand maître. Albert de Malvoisin, donne le gage de bataille à Brian de Bois-Guilbert. Nous te chargeons, mon frère, continua-t-il en s’adressant à Bois-Guilbert, de te battre vaillamment, et nous ne doutons pas que la bonne cause ne triomphe. Et toi, Rébecca,