Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/467

Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
IVANHOÉ.

pour soutenir le faible, et la verge pour châtier le coupable.

— Damien, continua-t-il, amène le juif en notre présence.

L’écuyer se retira en saluant profondément, et revint au bout de quelques minutes, suivi d’Isaac d’York.

Jamais esclave conduit devant un prince puissant n’approcha du siège de son juge avec plus de respect et de terreur que le juif en s’approchant du grand maître. Quand il fut arrivé à une distance de trois pas, Beaumanoir lui fit signe avec son bâton de ne pas avancer davantage. Le juif s’agenouilla sur le sol, qu’il baisa en signe de respect ; puis, se levant, il se tint devant les deux templiers, les mains croisées sur sa poitrine, la tête penchée sur son sein, avec toute la soumission d’un esclave d’Orient.

— Damien, dit le grand maître, retire-toi ; que quelques gardes se tiennent prêts à répondre à notre appel, et que personne n’entre dans le jardin avant que nous l’ayons quitté.

L’écuyer salua et se retira en s’inclinant.

— Juif, continua le hautain vieillard, écoute-moi : il ne sied pas à notre dignité d’avoir avec toi un long entretien, et nous ne prodiguons à personne ni nos paroles ni notre temps ; sois donc succinct dans les réponses aux questions que je vais te poser, et que tes paroles soient sincères ; car, si ta langue cherche à me tromper, je te la ferai arracher.

Le juif se disposait à répondre ; mais le grand maître poursuivit :

— Tais-toi, infidèle ! pas un mot en notre présence, si ce n’est pour répondre à nos questions. Quelle est l’affaire pendante entre toi et notre frère Brian de Bois-Guilbert ?

Isaac soupira de terreur et d’incertitude : raconter son histoire, n’était-ce pas être une cause de scandale pour l’ordre ? Cependant, s’il ne la racontait pas, quel espoir pouvait-il conserver encore d’obtenir la liberté de sa fille ? Beaumanoir vit son appréhension mortelle et daigna le rassurer.

— Ne crains rien, lui dit-il, pour ta misérable personne,