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IVANHOÉ.

Templestowe, sa colère dût-elle s’enflammer comme une fournaise sept fois chauffée.

Alors il fit connaître à Nathan le motif de son voyage. Celui-ci lui témoigna sa sympathie, et, selon la coutume de son peuple, en déchirant ses vêtements, et en s’écriant :

— Ah ! pauvre fille ! ah ! pauvre fille !… Hélas ! qu’est devenue la beauté de Sion ! Hélas ! Israël est captif !

— Tu vois, reprit Isaac, que je ne puis rester ; la présence de ce Lucas de Beaumanoir, leur chef, pourra peut-être détourner Brian de Bois-Guilbert du mal qu’il médite, et peut-être me rendra-t-il ma fille chérie Rébecca.

— Eh bien ! pars ! dit Nathan Ben-Israël ; mais sois prudent, car la sagesse préserva Daniel dans la fosse aux lions, et elle pourra également t’être utile et réaliser les désirs de ton cœur. Cependant, si tu le peux, évite la présence du grand maître ; car sa plus grande satisfaction, du matin au soir, c’est de traiter notre peuple avec mépris. Peut-être que, si tu pouvais parler en particulier à Bois-Guilbert, tu réussirais mieux avec lui ; car on dit que ces maudits Nazaréens ne sont pas tous d’accord entre eux dans la commanderie. Que Dieu confonde leurs projets et les couvre de honte ! Mais, je t’en conjure, frère, reviens ici, comme tu reviendrais à la maison de ton père, pour m’instruire du résultat de ta démarche. J’espère que tu ramèneras avec toi Rébecca, cette digne élève de la sage Myriam, dont les gentils ont calomnié les cures médicales en les attribuant à la sorcellerie.

Isaac prit congé de son ami, et, après une course d’une heure à cheval, il se trouva devant la commanderie de Templestowe.

Cet établissement des templiers était situé au milieu des belles prairies et des pâturages dont la dévotion du dernier commandeur avait gratifié leur ordre. Il était vaste et bien fortifié, précaution qui ne fut jamais négligée par ces chevaliers, et que les troubles d’Angleterre rendaient surtout nécessaire. Deux hallebardiers vêtus de noir gardaient le