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IVANHOÉ.

prisonnier, et sa vie est en sûreté, eût-il même tué mon père !

— De Bracy, dit alors le chevalier, tu es libre, tu peux partir ; celui dont tu es le prisonnier dédaigne une basse vengeance du passé ; mais prends garde à l’avenir, il pourrait te devenir funeste ! Maurice de Bracy, je te le répète, prends garde !

De Bracy s’inclina profondément sans répondre, et il allait se retirer quand les yeomen firent pleuvoir sur lui une grêle de malédictions et de sarcasmes.

Le fier chevalier s’arrêta tout à coup, se retourna vers eux, et, se redressant de toute sa hauteur en croisant les bras, il s’écria :

— Silence, ô chiens glapissants ! vous qui aboyez sur le cerf, mais qui n’oseriez l’approcher quand il est aux abois ; de Bracy méprise vos injures, comme il dédaignait vos éloges. Allez-vous blottir derrière vos broussailles et dans vos souterrains, bandits hors la loi ! Vous devriez garder le silence quand quelque chose de chevaleresque ou de noble se dit, fût-ce à une lieue de vos tanières.

Ce défi maladroit aurait valu à de Bracy une volée de flèches, sans l’intervention prompte et impérative du chef des outlaws.

Pendant ce temps, le chevalier saisit un cheval par la bride, car plusieurs de ceux qu’on avait pris dans les écuries de Front-de-Bœuf, et qui formaient une partie précieuse du butin, étaient à paître aux alentours, couverts encore de leurs harnais. Il se jeta en selle et s’enfonça au galop dans le bois.

Lorsque la confusion causée par cet incident se fut un peu apaisée, le chef des outlaws détacha de son cou le cor de chasse et le baudrier qu’il avait récemment gagnés au tir d’Ashby.

— Noble guerrier, dit-il au chevalier noir, si vous ne dédaignez pas d’accepter ce cor de chasse, qu’un yeoman anglais a porté sur lui, je vous prie de garder celui-ci en souvenir de votre vaillante conduite ; et, si jamais, comme il