Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/412

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
IVANHOÉ.

avons partagé ce butin en deux portions égales ; choisis celle qui te convient pour la distribuer parmi ceux de tes vassaux qui nous ont secondés dans cette entreprise.

— Brave yeoman, répondit Cédric, mon cœur est chargé de tristesse ; le noble Athelsthane de Coningsburg, le dernier descendant du saint Confesseur, n’est plus ! Avec lui, nos espérances sont perdues sans retour ; l’étincelle qui vient de s’éteindre dans son sang ne peut être rallumée par aucun effort humain. Mes gens, sauf le petit nombre qui m’entoure en ce moment, n’attendent que ma présence pour transporter ses restes honorés à leur dernière demeure. Lady Rowena désire retourner à Rotherwood, et il faut qu’elle soit escortée par une force suffisante. J’aurais donc déjà quitté ces lieux, si je n’avais attendu, non le partage du butin, car, s’il plaît à Dieu et à saint Withold, ni moi ni aucun des miens nous ne toucherons la valeur d’un penny ; si je n’avais attendu pour te faire mes remerciements, à toi et à tes braves yeomen, d’avoir sauvé la vie et l’honneur à ma noble pupille.

— Non, non, dit le chef outlaw, nous n’avons fait tout au plus que la moitié de la besogne ; prends dans ce butin ce qu’il faut pour récompenser tes voisins et tes serviteurs.

— Je suis assez riche pour les récompenser de mes propres biens, répondit Cédric.

— Et quelques-uns d’entre eux, dit Wamba, ont été assez sages pour se récompenser eux-mêmes. Tous ne sont pas partis les mains vides, nous ne portons pas tous la marotte.

— Ils en étaient les maîtres, dit Locksley ; nos lois ne sont obligatoires que pour nous-mêmes.

— Mais, toi, mon pauvre varlet, dit Cédric en se retournant pour embrasser le bouffon, comment pourrai-je te récompenser, toi qui n’as pas craint d’affronter les chaînes et la mort pour te mettre à ma place ? Tous m’abandonnaient et le pauvre fou resta seul fidèle.

Une larme brilla dans l’œil du vieux thane tandis qu’il parlait, marque de sympathie que la mort même d’Athelsthane