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IVANHOÉ.

obstacles et s’élevaient dans le crépuscule, semblables à un fanal immense qui éclairait au loin le pays environnant. Chaque tour s’affaissait l’une après l’autre, ainsi que les toitures avec leurs poutres en flammes, et les combattants furent enfin contraints d’abandonner la grande cour. Les vaincus, dont il restait un très petit nombre, se dispersèrent et s’enfuirent dans la forêt voisine. Les vainqueurs, rassemblés en bandes nombreuses, regardèrent, avec un étonnement mêlé de crainte, les flammes qui projetaient sur leurs armes un reflet d’un rouge foncé.

La forme fantastique et sauvage de la saxonne Ulrica resta visible pendant longtemps sur le point élevé qu’elle avait choisi, agitant ses bras dans l’espace avec une exaltation furieuse, comme si elle se fût sentie la reine de l’incendie qu’elle avait allumé.

Enfin, dans un écroulement terrible, toute la tour s’effondra, et elle périt dans les flammes qui avaient consumé son tyran.

Un long silence d’horreur régna parmi les spectateurs de cette épouvantable scène, et, pendant plusieurs minutes, ils n’agitèrent leurs mains que pour faire le signe de la croix.

La voix de Locksley se fit alors entendre :

— Réjouissez-vous, yeomen : la tanière des tyrans n’existe plus ! Que chacun de vous aille déposer son butin au lieu ordinaire de nos rendez-vous, sous le grand chêne de l’Arc, dans le Hart-Hill-Walk ; c’est là qu’à la pointe du jour nous ferons un juste partage entre nos compagnons et nos dignes alliés du produit de ce grand acte de vengeance.