Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
IVANHOÉ.

barbacane, dont la route était maintenant débarrassée d’ennemis, et encore à l’abri des flammes.

Ce premier devoir accompli, le loyal Cédric se hâta de courir à la recherche de son ami Athelsthane, décidé à tous les sacrifices personnels pour sauver le dernier rejeton de la royauté saxonne. Mais, avant que Cédric fût parvenu jusqu’à l’antique salle dans laquelle il avait été lui-même retenu captif, le génie inventif de Wamba avait trouvé moyen de s’échapper avec son compagnon d’infortune. Lorsque le bruit et le tumulte annoncèrent qu’on était au plus fort du combat, le bouffon se mit à crier de toute la force de ses poumons :

— Saint Georges et le dragon ! le bon saint Georges pour la joyeuse Angleterre ! Le château est à nous !

Et, pour rendre ses cris encore plus terribles, il heurtait l’une contre l’autre des armures rouillées qu’il avait trouvées éparses dans la salle.

La sentinelle qu’on avait placée dans l’antichambre et dont l’esprit était déjà ébranlé par la terreur, en entendant le bruit fait par Wamba, fut saisie d’épouvante, et, sans songer à fermer la porte de la salle, courut dire au templier que l’ennemi avait pénétré dans les appartements du château.

Pendant ce temps, les prisonniers, dont rien n’arrêtait la fuite, s’échappèrent par l’antichambre, et, de là, gagnèrent la cour du château, qui était en ce moment le théâtre d’une dernière lutte.

Là se trouvait le fier templier, monté sur son coursier et entouré de plusieurs soldats de la garnison tant à pied qu’à cheval, qui avaient réuni leurs efforts à ceux de ce chef renommé, afin d’assurer la dernière chance de retraite qui leur restât.

Par son ordre, le pont-levis avait été abaissé ; mais le passage en était barré par l’ennemi ; car les archers qui, jusque-là, avaient seulement surveillé le château de ce côté, n’eurent pas plutôt vu les flammes éclater et le pont se