Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/376

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
IVANHOÉ.

qu’un seul homme en Angleterre capable d’un pareil fait d’armes.

— La poterne s’ébranle, continua Rébecca ; elle cède, elle vole en éclats sous ses coups… Les yeomen s’élancent… Les ouvrages extérieurs sont emportés par eux… Dieu ! ils précipitent les défenseurs du haut des remparts dans le fossé. Ô hommes ! si vous êtes véritablement des hommes, épargnez ceux qui ne peuvent plus se défendre !

— Et le pont, le pont qui communique avec le château, sont-ils également maîtres de ce passage ? s’écria Ivanhoé.

— Non, dit Rébecca, le templier a détruit les planches sur lesquelles on passait. Bien peu de défenseurs sont rentrés avec lui dans le château. Les cris et les hurlements que vous entendez expliquent le sort des autres. Hélas ! je vois qu’il est encore plus pénible de regarder la victoire que de suivre la bataille.

— Que font-ils maintenant, jeune fille ? demanda Ivanhoé. Regarde encore, regarde de nouveau. Ce n’est pas le moment de s’apitoyer à la vue du sang.

— C’est fini pour l’instant, répondit Rébecca. Nos amis accumulent leurs forces dans les ouvrages extérieurs, dont ils se sont emparés, et ils y sont si bien à l’abri des traits de l’ennemi, que la garnison ne leur lance que quelques viretons de loin en loin, comme s’ils voulaient plutôt les inquiéter que leur faire un mal réel.

— Nos amis, dit Wilfrid, n’abandonneront certainement pas une entreprise si glorieusement commencée et si heureusement poursuivie. Oh ! non, je me fie au bon chevalier dont la hache d’armes a brisé les nœuds de chêne et les barres de fer… C’est étrange, murmura-t-il de nouveau, qu’il y ait ici des hommes doués de tant de courage et de tant d’audace ! Des chaînes et un cadenas sur un fond noir, qu’est-ce que cela peut signifier ? Ne vois-tu rien encore qui puisse faire reconnaître le chevalier noir ?

— Non, rien, répondit la juive ; toute son armure est noire comme l’aile de la corneille nocturne, et je n’aperçois