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IVANHOÉ.

— Il sera le bienvenu, murmura Rébecca.

Et, d’un pas ferme, elle monta les deux ou trois marches qui conduisaient à la fenêtre dont elle avait parlé.

— Rébecca, chère Rébecca ! s’écria le chevalier, ce ne sont pas des jeux de jeune fille ! Ne t’expose pas à être blessée ou tuée, et ne me rends pas à jamais malheureux d’en être la cause volontaire, ou, du moins, couvre-toi de ce vieux bouclier, et ne t’expose que le moins possible !

Obéissant avec une promptitude surprenante aux paroles d’Ivanhoé, et à l’abri du grand bouclier antique, qu’elle plaça contre le bas de la fenêtre, Rébecca, suffisamment garantie, pouvait apercevoir ce qui se passait hors du château, et dire à Ivanhoé les préparatifs que les assiégeants faisaient pour l’assaut. La position de cette fenêtre était particulièrement favorable à ce dessein, parce que, étant placée à l’angle du bâtiment principal, non seulement la jeune fille voyait ce qui se passait au-delà des limites de la forteresse, mais encore elle dominait les ouvrages avancés, contre lesquels il était probable que les assiégeants dirigeraient leurs premiers efforts.

C’était une fortification extérieure peu élevée et peu forte, destinée à couvrir la poterne par laquelle Front-de-Bœuf avait récemment fait sortir Cédric. Le fossé du château séparait cet ouvrage avancé du reste de la forteresse, si bien que, si elle venait à être enlevée, il était facile de couper les communications avec le bâtiment principal en retirant le pont volant.

Dans cet ouvrage avancé, on avait pratiqué une porte de sortie garnie d’une herse correspondant à la poterne du château, et le tout était entouré d’une forte palissade.

Rébecca pouvait juger, par le nombre d’hommes préposés à la défense de ce poste, que les assiégés craignaient d’être attaqués sur ce point, et, par l’accumulation des assiégeants vis-à-vis de cet ouvrage, il paraissait évident qu’on l’avait choisi comme le point le plus vulnérable de la place.