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IVANHOÉ.

pouvait apprécier, même dans ce moment de terreur. Son œil s’anima, bien que le sang eût quitté ses joues, et c’est avec un mélange de terreur et d’enthousiasme qu’elle répétait, moitié à elle-même, moitié à son compagnon, ces paroles du texte sacré : « Le carquois résonne, la lance étincelle, les boucliers s’entrechoquent, on entend le tumulte des chefs et des guerriers. »

Mais Ivanhoé était comme le coursier belliqueux dont parle ce sublime passage de l’Écriture, brûlant d’impatience et du désir de se précipiter au milieu des dangers dont ce bruit était le prélude.

— Si je pouvais seulement me traîner jusqu’à la fenêtre, dit-il, afin de voir la lutte qui va s’engager ! Si j’avais seulement un arc pour lancer une flèche ou une hache d’armes pour frapper, ne fût-ce qu’un seul coup, pour notre délivrance ! Mais non… vain désirs ! Je suis également sans force et sans armes.

— Ne vous tourmentez pas, noble chevalier, lui dit Rébecca, le bruit vient de cesser tout à coup. Peut-être ne livreront-ils pas la bataille.

— Tu n’y comprends rien ! reprit Wilfrid avec impatience. Ce lugubre silence annonce seulement que les hommes sont à leur poste sur les murailles et qu’ils s’attendent à une attaque prochaine. Ce que nous avons entendu jusqu’ici n’a été que le murmure éloigné de la tempête. Elle va éclater dans toute sa fureur. Si je pouvais seulement aller jusqu’à cette fenêtre !

— Noble chevalier, vous ne feriez qu’aggraver votre mal par cet effort, répliqua la belle garde-malade.

Mais, en remarquant son ardente inquiétude, elle ajouta avec fermeté :

— Je me tiendrai moi-même aux barreaux, et je vous redirai de mon mieux tout ce qui se passera.

— Gardez-vous-en bien ! s’écria Ivanhoé, gardez-vous-en bien ! Chaque créneau, chaque ouverture sera bientôt un point de mire pour les archers ; un trait lancé au hasard…