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IVANHOÉ.

Que le templier Bois-Guilbert et le baron Front-de-Bœuf commandaient dans le château, et que la forteresse était cernée au-dehors ; mais cernée par qui ? elle l’ignorait. Elle ajouta qu’il y avait, dans le château, un prêtre chrétien qui peut-être en savait davantage.

— Un prêtre chrétien, dis-tu ? s’écria vivement le chevalier ; amène-le ici, Rébecca, si tu le peux. Dis-lui qu’un homme malade désire profiter de ses conseils spirituels ; dis-lui tout ce que tu voudras, mais qu’il vienne ! Il faut que je fasse, il faut du moins que je tente quelque chose : et quelle détermination prendre si j’ignore ce qui se passe au-dehors ?

Rébecca, pour se conformer aux désirs d’Ivanhoé, fit auprès de Cédric, pour le conduire dans la chambre du chevalier blessé, une tentative qui, ainsi que nous l’avons déjà vu, échoua par l’intervention d’Urfried, laquelle avait aussi, de son côté, été aux aguets du prétendu moine.

Rébecca revint pour communiquer à Ivanhoé le résultat de sa démarche.

Ils n’eurent pas le temps de regretter cette source d’informations ni d’imaginer un moyen d’y suppléer, car le bruit dans l’intérieur du château, bruit occasionné par les apprêts de la défense, devint plus considérable, et se changea en tumulte et en clameurs de plus en plus assourdissantes.

Les pas lourds et précipités des hommes d’armes traversant la plate-forme de la tour retentissaient dans l’escalier étroit et les corridors tortueux qui conduisaient aux diverses barbacanes et aux différents points de défense. On entendait la voix des chevaliers animant leurs soldats ou dirigeant les travaux, tandis que leurs ordres étaient étouffés par le cliquetis des armes et les cris assourdissants de ceux à qui ils s’adressaient. Quelque terribles que fussent ces bruits, rendus plus épouvantables encore par l’événement funeste qu’ils présageaient, il se mêlait cependant à leur horreur un sentiment sublime que l’âme élevée de Rébecca