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IVANHOÉ.

envoyé une main secourable et habile dans l’art des pansements, quoiqu’il l’ait choisie parmi une race méprisée de tout le monde ? Or donc, ayez bon courage, et soyez convaincu que vous êtes conservé pour faire quelque miracle que votre bras accomplira devant tout ce peuple. Adieu ! Et, quand vous aurez pris la médecine que vous remettra Ruben, reposez en paix, afin d’être en état de supporter le voyage de demain.

Ivanhoé se laissa convaincre par les raisonnements de Rébecca, et obéit à ses recommandations. La boisson que Ruben lui présenta possédait des propriétés sédatives et narcotiques : elle procura au malade un sommeil profond et calme.

Le lendemain matin, son charmant docteur le trouva complètement débarrassé de toute espèce de fièvre, et en état de braver les fatigues d’un voyage.

On le plaça dans la même litière qui l’avait ramené du tournoi, et toutes les précautions furent prises pour qu’il voyageât commodément. Il n’y eut qu’un seul point sur lequel les supplications mêmes de Rébecca ne purent obtenir les soins qu’exigeait la position du voyageur blessé. Isaac, comme le riche voyageur de la dixième satire de Juvénal, avait toujours devant les yeux la crainte d’être dépouillé, parce qu’il savait qu’il serait également considéré comme bon gibier, soit par le seigneur normand allant en maraude, soit par l’outlaw saxon. Il voyagea donc à grandes journées, ne fit que de courtes haltes et des repas encore plus courts ; de sorte qu’il dépassa Cédric et Athelsthane, qui l’avaient devancé de quelques heures, mais qui avaient été retardés par le repas prolongé qu’ils avaient fait au couvent de Saint-Withold.

Cependant, telle était la vertu du baume de Myriam, ou bien telle était la force de constitution d’Ivanhoé, qu’il n’éprouva de cette course précipitée aucun des inconvénients que son aimable médecin avait redoutés.

À un autre point de vue, toutefois, la précipitation du