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IVANHOÉ.

maintenant, ni de rien qui puisse retarder votre guérison.

— Soit, aimable fille, reprit Ivanhoé : il y aurait de l’ingratitude à transgresser tes ordres. Mais un seul mot sur le sort du pauvre Gurth, et je cesserai de te questionner.

— Il m’est pénible de vous dire, sire chevalier, répondit la juive, qu’il a été arrêté par ordre de Cédric.

Et voyant le chagrin que cette révélation causait à Wilfrid, elle ajouta aussitôt :

— Mais l’intendant Oswald m’a dit que, si une nouvelle offense ne venait pas raviver le ressentiment de son maître contre lui, il était certain que Cédric pardonnerait à Gurth, serf fidèle, qui jouissait d’une grande faveur, et qui n’avait commis cette erreur que par l’amour qu’il portait au fils de Cédric. Il a dit en outre que, lui et ses camarades, et notamment Wamba, le bouffon, étaient résolus à laisser Gurth s’évader en route, dans le cas où la colère de Cédric contre lui ne se calmerait pas.

— Plaise à Dieu qu’ils persistent dans leur dessein ! s’écria Ivanhoé ; mais il semble que je sois destiné à porter malheur à tous ceux qui m’ont témoigné de l’affection. Je suis honoré et distingué par mon roi, et tu vois que celui de ses frères qui lui doit le plus lève la main pour saisir sa couronne ; mon attachement a porté malheur à la plus accomplie des femmes, et maintenant mon père, dans un accès de colère, va tuer ce pauvre serf pour le punir de son affection et de son dévouement à ma personne. Tu vois, jeune fille, à quel être infortuné tu prodigues des soins. Sois prudente, et laisse-moi partir avant que le malheur, qui s’attache à mes pas comme une meute acharnée, s’acharne également après toi.

— Non, dit Rébecca, votre faiblesse et votre souffrance, sire chevalier, vous font méconnaître les intentions du Ciel. Vous avez été rendu à votre pays au moment où il a le plus besoin du soutien d’un bras fort et d’un cœur honnête, et vous avez humilié l’orgueil de vos ennemis et de ceux de votre roi quand leur arrogance était à son comble. Et, pour guérir vos blessures, ne voyez-vous pas que le Ciel vous a