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IVANHOÉ.

pour peu qu’il ait connaissance de mes trafics avec son frère. C’est pourquoi je prête l’oreille à ton conseil, et ce jeune homme nous accompagnera à York. Notre foyer sera le sien jusqu’à ce que ses blessures soient guéries. Et, si l’homme au cœur de lion revient dans ce pays, ainsi que l’annonce la rumeur publique, alors ce Wilfrid Ivanhoé sera pour moi comme un mur de défense, lorsque le courroux du roi sévira contre son frère. Et, s’il ne revient pas, ce même Wilfrid pourra néanmoins nous rembourser nos frais quand il aura gagné des trésors par la force de sa lance et de son épée, ainsi qu’il l’a fait hier et aujourd’hui ; car le jeune homme est bon, il est exact dans ses échéances, et il restitue ce qu’il emprunte. Il secourt aussi l’israélite, même l’enfant de la maison de mon père, lorsque celui-ci est entouré de bandits audacieux et des fils de Bélial.

Ce ne fut que vers la fin de la soirée qu’Ivanhoé reprit ses sens. Il se réveilla d’un sommeil agité et entrecoupé par les impressions confuses qui accompagnent toujours un long évanouissement.

Il ne put, pendant quelque temps, se rappeler exactement les circonstances qui avaient précédé sa chute dans la lice, ou s’expliquer la chaîne des événements dans lesquels il s’était trouvé engagé la veille. Aux souffrances que lui causaient ses blessures se mêlait le souvenir de coups donnés et reçus, de coursiers lancés les uns contre les autres, tantôt renversés, tantôt renversant, de cris, de cliquetis d’armes, et de tout le tumulte assourdissant d’une bataille confuse. Il fit avec succès un effort pour ouvrir le rideau de son lit, effort que sa blessure rendait douloureux.

À sa grande surprise, il se trouva dans une salle magnifiquement meublée, mais où, au lieu de chaises, il y avait des coussins ; grâce à mille autres détails, les habitudes de la vie orientale dominaient tellement dans cette chambre, qu’il commença à se demander s’il n’avait pas été, pendant son sommeil, transporté une seconde fois sur la terre de Palestine. Ce doute devint presque une certitude, lorsque,