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IVANHOÉ.

doute pour me donner ma revanche. Il faut que ce soit quelque misérable de bas lieu, pour n’avoir pas osé réclamer le prix du tournoi que le hasard lui avait fait obtenir. Je l’aurais vainement cherché là où les chevaliers et les nobles rencontrent leurs adversaires, et je suis vraiment charmé qu’il se soit montré au milieu de ces vils yeomen.

Les signes manifestes de l’approche immédiate de l’ennemi coupèrent court à la conversation.

Les chevaliers se rendirent chacun à leur poste, à la tête du petit nombre de combattants qu’ils avaient pu réunir, nombre qui n’était pas, à beaucoup près, suffisant pour défendre toute l’étendue des murailles. Ils n’en attendirent pas moins avec une froide résolution l’assaut dont ils étaient menacés.

XXVIII

Il faut que notre histoire rétrograde de quelques pages, afin d’instruire le lecteur de certains faits importants qui le mettront à même de comprendre la suite de ce véridique récit. Sa propre intelligence lui a sans doute fait soupçonner que, lorsque Ivanhoé, tombé dans la lice, semblait abandonné de tout le monde, ce furent les importunités de Rébecca qui décidèrent son père à faire transporter ce jeune et vaillant guerrier dans la maison que les juifs habitaient provisoirement dans le faubourg d’Ashby.

Il n’eût pas été difficile, en toute autre occasion, de persuader à Isaac de faire cette bonne action, car son cœur était celui d’un homme doux et humain ; mais il avait aussi les préjugés et les scrupules de sa race persécutée, et c’était là ce qu’il fallait vaincre.

— Bienheureux Abraham ! s’écria-t-il, c’est un brave jeune homme, et mon cœur saigne de voir le sang couler