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IVANHOÉ.

que la tête. Je vous sauverai ou je reviendrai mourir avec vous. Le sang de nos rois saxons ne sera pas répandu tant qu’une goutte du mien coulera dans mes veines, et il ne tombera pas un cheveu de la tête du pauvre fou qui a risqué sa vie pour sauver celle de son maître, tant que Cédric pourra y mettre obstacle, même au péril de ses jours ; adieu !

— Adieu, noble Cédric ! dit Athelsthane, et souvenez-vous que, pour jouer au naturel le rôle d’un moine, il faut accepter les rafraîchissements qu’on pourra vous offrir.

— Adieu, mon oncle, ajouta Wamba, et rappelez-vous le Pax vobiscum.

Ainsi encouragé, Cédric quitta ses deux compagnons, et il ne tarda pas à trouver l’occasion de mettre à l’épreuve la vertu du charme que son bouffon lui avait recommandé comme étant tout-puissant.

Dans un corridor bas, voûté et sombre, où il cherchait à tâtons le chemin qui conduisait à la salle du château, il fut rencontré par une femme.

Pax vobiscum ! dit le faux moine en se rangeant de côté pour la laisser passer.

Et vobiscum quœso, domine reverendissime, pro misericordia vestra, répondit une voix douce.

— Je suis un peu sourd, répondit Cédric en bon saxon.

Et, se rappelant aussitôt qu’il venait d’employer un idiome suspect, il marmotta en lui-même :

— La peste soit du fou et de son Pax vobiscum ! J’ai perdu mon javelot du premier jeu.

Ce n’était pas toutefois chose si surprenante pour un prêtre de ces temps-là de rester sourd de son oreille latine, et la personne qui s’était adressée à Cédric ne l’ignorait pas.

— Je vous prie en grâce, révérend père, répliqua-t-elle en saxon, de vouloir bien donner quelques consolations spirituelles à un prisonnier blessé qui se trouve dans ce château. Accordez-lui la pitié que vous inspire votre saint