Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sachiez, mes cousins et mes compatriotes, que j’ai porté l’habit de paysan avant de porter l’habit bigarré ; que j’ai été élevé pour être moine jusqu’à ce qu’une fièvre cérébrale, m’ayant assailli, ne me laissât que juste assez d’esprit pour être bouffon. J’espère qu’avec l’aide du froc de ce bon ermite, et à l’aide surtout de la sainteté et du savoir qui sont cousus dans mon capuchon, on me jugera apte à administrer les consolations temporelles et spirituelles dont ont si grand besoin notre digne maître Cédric et ses compagnons d’infortune.

— Penses-tu qu’il ait assez de bon sens pour jouer son rôle ? demanda le chevalier noir en s’adressant à Gurth.

— Je n’en sais rien, dit Gurth ; mais, s’il n’en a pas assez, ce sera la première fois qu’il manquera d’esprit pour tirer parti de sa folie.

— Passe donc le froc, mon brave ami, s’écria le chevalier, et que ton maître nous envoie le récit de la position des défenseurs du château. Ils ne doivent être que peu nombreux, et on peut parier cinq contre un qu’ils ne sauront pas résister à une attaque imprévue et audacieuse. Le temps s’écoule, va-t’en !

— Et, en attendant, dit Locksley, nous allons tellement serrer la place, qu’il n’en sortira pas une mouche pour porter des nouvelles ; de sorte que, mon brave ami, continua-t-il en s’adressant à Wamba, tu pourras déclarer à ces tyrans que, quelle que soit la violence qu’ils exercent, sur la personne de leurs prisonniers, elle leur sera très-sévèrement rendue.

Pax vobiscum ! dit Wamba, qui se trouvait déjà affublé de son vêtement religieux.

Et, ce disant, il imita la pose solennelle et pompeuse d’un moine, et partit pour exécuter sa mission.


fin du tome premier.




d thiéry et cie. — imprimerie de Lagny