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IVANHOÉ.

qui m’arrive pour vous avoir prêté mon château, à vous qui n’avez pas su conduire vos entreprises assez secrètement, sans attirer ce nid de frelons autour de mes oreilles.

— De frelons ! s’écria de Bracy ; dites plutôt de bourdons sans dard, une bande de drôles qui courent les bois, détruisent la venaison, au lieu de travailler pour vivre.

— Sans dard ! répliqua Front-de-Bœuf ; des flèches à tête de fourche de trois pieds de long et qui ne manquent jamais leur but, ne fût-il pas plus large qu’une demi-couronne, voilà du dard, il me semble.

— Fi donc ! messire chevalier, dit le templier ; convoquons nos gens et faisons une sortie contre eux : un chevalier, un seul homme d’armes, ce sera assez pour tenir tête à vingt paysans de cette espèce.

— Assez, et même trop, dit de Bracy ; j’aurais honte de braquer ma lance sur eux.

— Vous auriez raison, répondit Front-de-Bœuf, si c’étaient des Turcs ou des Mores, messire templier, ou de timides paysans de France, très vaillant de Bracy ; mais ce sont ici des yeomen anglais, sur lesquels nous n’aurons d’autres avantages que ceux que nous tenons de nos armes et de nos chevaux, qui ne nous seront que de peu d’utilité dans les clairières de la forêt. Faire une sortie, dis-tu ? À peine avons-nous assez d’hommes pour défendre le château. Mes meilleures troupes sont à York. Il en est de même de votre bande, de Bracy, et nous n’avons qu’une vingtaine d’hommes, outre ceux qui se trouvaient engagés dans cette folle affaire.

— Tu ne crains pas, dit le templier, qu’ils ne s’assemblent en force suffisante pour menacer le château ?

— Non pas, sire Brian, répondit Front-de-Bœuf ; ces outlaws ont à la vérité un capitaine audacieux, mais sans machines, sans échelles de siège et sans chefs expérimentés ; mon château peut braver leurs efforts.

— Envoie dire à tes voisins, reprit le templier, qu’ils rassemblent leurs gens et qu’ils viennent en aide à trois chevaliers