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IVANHOÉ.

Et, ce disant, il indiqua successivement les deux coins de la hutte :

— Votre écurie, dit-il, est là, votre lit ici.

Puis, prenant sur une planche à portée de sa main un plat qui contenait deux poignées de pois secs, et le posant sur la table, il ajouta :

— Et voilà votre souper.

Le chevalier haussa les épaules, et, sortant de la hutte, il amena son cheval, que, pendant cet intervalle, il avait attaché à un arbre, enleva la selle avec beaucoup de soin, et étendit son propre manteau sur le dos du coursier fatigué.

L’ermite fut apparemment attendri quelque peu, en voyant la sollicitude et l’adresse dont l’étranger faisait preuve en soignant son cheval ; car, après avoir marmotté quelques mots relativement aux provisions laissées par le cheval du garde, il tira de l’enfoncement de la muraille une botte de fourrage qu’il étala devant le coursier de son hôte, et, l’instant d’après, il jeta sur le plancher une certaine quantité d’herbe sèche destinée à former litière au cheval, dans le coin qu’il lui avait assigné.

Le chevalier lui rendit grâce de sa courtoisie, et, cela fait, ils reprirent l’un et l’autre leur place à côté de la table, sur laquelle se trouvait toujours le plat de pois secs.

L’ermite, après un long Benedicite, qui primitivement et autrefois avait été latin, mais qui n’avait conservé que peu de traces de sa langue originelle, à l’exception çà et là de la terminaison de quelques phrases, donna l’exemple à son hôte, en mettant avec modestie dans son énorme bouche, garnie de dents qui eussent pu se comparer aux défenses d’un sanglier par leur incisivité et leur blancheur, trois ou quatre pois secs, misérable mouture pour un si puissant moulin ! Le chevalier, afin de suivre un si honorable exemple, déposa son casque, son corselet et la plus grande partie de son armure, et montra à l’ermite une tête aux che-