Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
IVANHOÉ.

dans sa propre salle et pendant que la coupe de l’hospitalité circule, il eût lui-même traité ou permis qu’on traitât un convive inoffensif comme Votre Altesse a vu aujourd’hui qu’on me traitait devant elle ; et, quel qu’ait été le malheur de nos pères aux champs d’Hastings, ceux-là du moins devraient se taire (ici, il regarda Front-de-Bœuf et le templier) qui, il y a quelques heures, ont vidé à plusieurs reprises les arçons sous la lance d’un Saxon.

— Par ma foi ! voilà une amère plaisanterie ! dit le prince Jean. Comment goûtez-vous cela, messires ? Nos sujets saxons gagnent en fermeté et en courage, leur esprit s’aiguise, et leur maintien s’enhardit dans ces temps agités. Qu’en dites-vous, messeigneurs ? Par la lumière du ciel ! il me semble plus sage de prendre une galère et de retourner au plus vite en Normandie.

— Par crainte des Saxons ? dit de Bracy en riant. Il ne faudrait pas d’autres armes que nos épieux de chasse pour mettre ces sangliers aux abois.

— Trêve à vos railleries ! dit Fitzurze ; il serait bien, ajouta-t-il en s’adressant au prince, que Votre Altesse assurât le digne Cédric qu’on n’a pas l’intention de l’insulter par des plaisanteries qui doivent mal sonner à l’oreille d’un étranger.

— L’insulter ! reprit le prince Jean en reprenant toute sa courtoisie ; j’espère bien qu’on ne pensera pas que je pourrais me permettre ou tolérer chez d’autres une insulte contre un convive. Regardez, je remplis ma coupe en l’honneur de Cédric lui-même, puisqu’il refuse de boire à la santé de son fils !

La coupe fit le tour de la table au milieu des applaudissements simulés des courtisans ; mais ils manquèrent cependant de faire l’impression désirée sur l’esprit du Saxon. Il n’avait

    d’Anglo-Saxons autour de son étendard, en menaçant de stigmatiser ceux qui resteraient chez eux du nom de niderings.

    C’est, je crois, Bartholin qui cite ce mot comme ayant eu une grande influence sur les Danois.