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IVANHOÉ.

Cependant, en les jugeant sainement, la tunique courte et collante et le long manteau des Saxons étaient un habillement plus gracieux et plus commode que celui des Normands, dont le justaucorps était un long pourpoint si large, qu’il ressemblait à la blouse d’un charretier ; ce pourpoint était recouvert d’un manteau de petite dimension, qui ne garantissait le porteur ni du froid ni de la pluie, et dont l’unique but paraissait être de mettre au jour autant de bijoux et de broderies que l’ingénieux tailleur pouvait en faire tenir sur sa surface.

L’empereur Charlemagne, sous le règne duquel ils furent introduits pour la première fois, nous semble avoir parfaitement apprécié les incommodités provenant de ce genre de vêtement.

— Au nom du Ciel ! disait-il, à quoi servent ces manteaux raccourcis ? Au lit, ils ne nous couvrent pas, à cheval, ils ne nous protègent ni contre le vent ni contre la pluie, et, assis, ils ne garantissent pas nos jambes de l’humidité ni de la gelée.

Néanmoins, en dépit de cette censure royale, les manteaux courts restèrent à la mode jusqu’au temps dont nous parlons, surtout parmi les princes de la maison d’Anjou. Ils étaient donc d’un usage universel parmi les courtisans du prince Jean, et le manteau long, qui était le vêtement supérieur des Saxons, fut d’autant plus tourné en ridicule.

Les convives étaient placés à une table qui pliait sous le poids des mets. De nombreux cuisiniers, qui suivaient le prince dans ses voyages et qui avaient mis en œuvre toute leur science pour multiplier les formes sous lesquelles les provisions ordinaires étaient servies, avaient réussi, presque aussi bien que nos professeurs actuels dans l’art culinaire, à les rendre complètement méconnaissables à la vue.

Outre les produits indiqués, il y avait là une foule de friandises venues de l’étranger, et une grande quantité de pâtisseries de luxe, ainsi que des pains et des gâteaux savoureux