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IVANHOÉ.

du premier effet de sa surprise, il prit à l’écart Waldemar Fitzurze et de Bracy, et leur montra tour à tour le billet.

— Ceci peut être une fausse alarme ou une fausse lettre, dit de Bracy.

— C’est la main et le sceau de mon frère de France, reprit le prince Jean.

— En ce cas, il est temps, dit Fitzurze, de concentrer nos forces, soit à York, soit dans quelque place du centre. Encore quelques jours, et il sera trop tard. Votre Altesse ferait bien de couper court aux momeries d’Ashby.

— Les yeomen et le peuple, dit de Bracy, seraient mécontents si on les congédiait sans leur avoir fait leur part dans ces jeux.

— Le jour, dit Waldemar, n’est pas encore très avancé. Que les archers tirent chacun quelques traits à la cible, et que le prix soit adjugé. De cette manière, le prince se sera amplement libéré de sa promesse envers ce troupeau de serfs saxons.

— Je te remercie, Waldemar, dit le prince ; tu me rappelles aussi que j’ai un compte à régler avec cet insolent paysan qui, hier, a insulté notre personne. Notre banquet sera toujours maintenu pour cette nuit, ainsi que nous en étions convenus. Lors même que ce serait la dernière heure de ma puissance, cette heure serait consacrée à la vengeance et au plaisir. Que les soucis de demain ne troublent pas les joies de ce jour.

Le son des trompettes eut bientôt rappelé les spectateurs, qui commençaient déjà à quitter le lieu du tournoi, et les hérauts proclamèrent que le prince Jean, subitement appelé à des devoirs importants et péremptoires, se voyait obligé de renoncer au divertissement de la fête du lendemain. Mais néanmoins, ne voulant pas laisser partir tant de yeomen sans avoir mis leur adresse à l’épreuve, il avait bien voulu ordonner qu’avant de quitter ces lieux, ils missent à exécution sur-le-champ ce concours pour le tir qui