En disant ces mots, le prince conduisit en cérémonie lady Rowena à la place d’honneur, située vis-à-vis de la sienne, tandis que les dames les plus belles et les plus distinguées s’empressaient autour d’elle pour obtenir des places aussi rapprochées que possible de leur souveraine du moment.
Rowena ne fut pas plutôt assise, qu’un éclat de musique à moitié étouffé par les cris de la multitude salua sa nouvelle dignité. Pendant ce temps, le soleil se reflétait splendidement sur les armes éblouissantes des chevaliers des deux partis, qui occupaient les deux extrémités de la lice et tenaient ensemble conseil sur la meilleure manière de se ranger en bataille et de soutenir le choc. Les hérauts réclamaient le silence, jusqu’à ce que les lois du tournoi eussent été promulguées. Elles avaient été combinées en quelque sorte pour atténuer le danger de la journée, précautions d’autant plus nécessaires, que le combat allait avoir lieu avec des épées tranchantes et des lances à fer non émoulu. Il fut donc défendu aux champions de se servir de l’estoc ; il ne devait frapper que de taille. On annonça que les chevaliers pouvaient se servir à leur gré de la masse ou de la hache d’armes, mais que le poignard était prohibé.
Un chevalier désarçonné pouvait continuer le combat à pied avec un autre champion du parti opposé qui subissait la même disgrâce ; mais les cavaliers montés ne devaient pas l’attaquer dans cette condition. Si un chevalier pouvait acculer son adversaire à l’extrémité de la lice, de manière à lui faire toucher la palissade de sa personne ou de ses armes, cet ennemi serait tenu de s’avouer vaincu, et son armure, ainsi que son cheval, deviendrait la propriété du vainqueur. Un chevalier vaincu de cette manière ne serait plus autorisé à prendre part au combat. Si un combattant désarçonné était incapable de se remettre sur pied, son écuyer ou son page pourrait entrer dans la lice et retirer son maître de la mêlée ; mais, dans ce cas, le chevalier