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IVANHOÉ

sière du casque lui-même ; mais le crépuscule qui tombait rapidement eût rendu tout déguisement inutile, si ce n’est pour ceux-là auxquels sa figure eût été particulièrement connue.

Le chevalier Déshérité s’avança donc hardiment sur le devant de sa tente, et rencontra les écuyers des chevaliers tenants, qu’il reconnut facilement à leur livrée rouge et noire. Chacun d’eux menait en bride le coursier de son maître, chargé de l’armature dans laquelle celui-ci avait combattu ce jour-là.

— Selon les lois de la chevalerie, dit celui qui marchait en tête de ces hommes, moi, Baudouin d’Oyley, écuyer du redoutable chevalier Brian de Bois-Guilbert, je vous offre, vous nommant provisoirement le chevalier Déshérité, le cheval et l’armure employés par ledit Brian de Bois-Guilbert dans la passe d’armes de ce jour, laissant au choix de Votre Seigneurie de les retenir ou de fixer une rançon, selon votre plaisir ; car telle est la loi des armes.

Les autres écuyers répétèrent à peu près la même formule, et attendirent la réponse du chevalier Déshérité.

— Pour vous quatre, messieurs, répondit celui-ci en se retournant vers ceux qui avaient parlé les derniers, et pour vos honorables et vaillants maîtres, j’ai une seule et même réponse à faire : Recommandez-moi à ces nobles chevaliers, vos seigneurs, et dites-leur qu’il serait mal de ma part de les priver d’armes et de coursiers qui ne pourraient appartenir à de plus braves guerriers. Je serais heureux de pouvoir ici terminer mon message à mes loyaux adversaires ; mais, étant véritablement déshérité, comme mon nom l’indique, il faut que je sois redevable à la courtoisie de vos maîtres de vouloir bien fixer eux-mêmes la rançon de ces objets, car l’armure que je porte m’appartient à peine.

— Chacun de nous est chargé, répondit l’écuyer de Réginald Front-de-Bœuf, d’offrir une centaine de sequins pour la rançon de ces chevaux et de ces armures.