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IVANHOÉ

ceux qui se trouvaient dans l’arène inférieure ajoutèrent : « Vive la princesse saxonne ! vive la race de l’immortel Alfred ! »

Toutefois, quelque malsonnantes que fussent ces acclamations pour le prince et pour ceux qui l’entouraient, il se vit obligé de ratifier la nomination du vainqueur, et, par conséquent, il quitta son trône en criant :

— À cheval !

Et, montant sur son genet, accompagné de sa suite, il rentra dans la lice. Le prince s’arrêta un moment sous la galerie de lady Alicia, à laquelle il fit ses compliments, disant en même temps à ceux qui l’entouraient :

— Par le ciel, messires, si les actions du chevalier, en fait d’armes, ont démontré qu’il a des membres et des tendons, son choix n’aura pas moins prouvé que ses yeux ne sont pas des plus clairvoyants.

Ce fut en cette occasion, comme pendant toute sa vie, le malheur de Jean de ne pas comprendre parfaitement l’esprit de ceux qu’il voulait concilier. Waldemar Fitzurze fut plutôt offensé que flatté d’entendre le prince exprimer aussi franchement son avis sur la façon légère dont sa fille avait été traitée.

— Je ne connais pas de droit de chevalerie, dit-il, qui soit plus précieux et plus inaliénable que celui qui donne à chaque chevalier la liberté de choisir sa dame d’amour selon son propre jugement ; ma fille ne recherche les hommages de personne, et, dans son caractère comme dans son rang, elle ne manquera jamais de recevoir la mesure entière de ce qui lui est dû.

Le prince Jean ne répondit pas ; mais, piquant son cheval, comme pour donner passage à sa mauvaise humeur, il fit bondir l’animal devant lui jusqu’à la galerie où Rowena était assise avec la couronne toujours à ses pieds.

— Ceignez, belle dame, dit-il, la marque de votre souveraineté, à laquelle personne ne fait vœu de rendre un plus sévère hommage que nous, Jean d’Anjou ; et, s’il vous plaît