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IVANHOÉ

sang jaillit de son nez et de sa bouche, et qu’on l’emporta évanoui dans sa tente.

Les acclamations de plusieurs milliers de spectateurs saluèrent la décision unanime du prince et des maréchaux, annonçant que les honneurs de cette journée étaient dévolus au chevalier Déshérité.


IX


Guillaume de Wyvil et Étienne de Martival furent les premiers à offrir leurs compliments au vainqueur, le priant en même temps de laisser délacer son casque ou du moins de lever sa visière avant qu’ils le conduisissent devant le prince Jean, afin de recevoir de ses mains le prix du tournoi du jour.

Le chevalier Déshérité déclina leur prière avec toute la courtoisie chevaleresque possible, alléguant qu’il ne pouvait permettre en ce moment que l’on vît son visage, pour les raisons qu’il avait dites au héraut au moment où il était entré en lice. Les maréchaux furent parfaitement satisfaits de cette réplique ; car, parmi les vœux fréquents et capricieux par lesquels les paladins avaient coutume de se lier pendant les jours de la chevalerie, il n’y en avait pas de plus communs que ceux par lesquels ils s’engageaient à garder l’incognito pour un certain temps, ou jusqu’à ce qu’ils eussent mis à fin une aventure quelconque.

Les maréchaux n’insistèrent donc pas pour pénétrer le mystère dont voulait s’envelopper le chevalier Déshérité ; mais, après avoir annoncé au prince Jean le désir qu’avait manifesté le vainqueur de rester inconnu, ils lui demandèrent la permission de le mener devant Sa Grâce pour recevoir la récompense due à sa valeur.