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IVANHOÉ

l’atteinte[1], c’est-à-dire de frapper leur antagoniste au casque ou au bouclier d’une main ferme et forte, avec la lance en arrêt, de manière que la lance se brisât ou que l’adversaire fût renversé.

Après cette quatrième rencontre, il y eut une pause considérable, et il ne paraissait pas probable que de nouveaux champions se présentassent pour continuer la joute. Les spectateurs murmurèrent ; car, parmi les tenants, Malvoisin et Front-de-Bœuf s’étaient rendus impopulaires par leur tyrannie, et les autres, à l’exception de Grandmesnil, étaient mal vus comme étrangers.

Mais personne ne partagea ce sentiment de mécontentement général aussi vivement que Cédric le Saxon, qui voyait, dans chaque avantage remporté par les tenants normands, un nouveau triomphe sur l’honneur de l’Angleterre ; par malheur, son éducation l’avait laissé étranger aux exercices de la chevalerie, bien qu’avec les armes de ses ancêtres saxons il se fût montré plus d’une fois un brave et courageux soldat. Il regarda avec anxiété Athelsthane, qui était familier avec les exercices de son siècle, comme pour l’engager à tenter un effort personnel pour reconquérir la victoire qui passait dans les mains du templier et de ses compagnons. Mais, malgré la bravoure de son cœur et la force de son corps, Athelsthane avait des dispositions trop nonchalantes et trop peu ambitieuses pour faire l’effort que Cédric paraissait attendre de lui.

La fortune est contre l’Angleterre, monseigneur, dit Cédric avec intention ; ne vous sentez-vous pas excité à rompre une lance ?

— Je combattrai demain, dit Athelsthane, dans la mêlée : ce n’est pas la peine de m’armer aujourd’hui.

Deux choses déplurent à Cédric dans ce discours : il contenait le mot normand mêlée, pour exprimer un combat

  1. Ce terme de chevalerie, transmis à la loi, nous a donné l’expression d’être atteint de trahison.