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IVANHOÉ

celle d’être complètement désarçonné, parce que ce dernier désastre pouvait être l’effet d’un accident, au lieu que l’autre annonçait de la maladresse et une grande ignorance de l’arme et du cheval ; le cinquième chevalier seul soutint l’honneur de son parti, et courut honorablement avec le chevalier de Saint-Jean, sans avantage de part ni d’autre.

Les cris de la multitude, ainsi que les acclamations des hérauts et le retentissement des trompettes, annoncèrent le triomphe des vainqueurs et la défaite des vaincus.

Les premiers rentraient dans leurs pavillons, et les derniers, se relevant le mieux qu’ils purent, quittèrent la lice honteux et abattus, pour s’entendre avec les vainqueurs touchant la rançon de leurs armes et de leurs chevaux, qui, selon les lois du tournoi, étaient acquis à leurs vainqueurs.

Le cinquième chevalier seulement resta assez longtemps dans la lice pour être accueilli par les applaudissements des spectateurs, au bruit desquels il se retira, aggravant ainsi la honte de ses infortunés compagnons.

Un pareil nombre de chevaliers entra en lice une deuxième et une troisième fois, et, bien que les succès se balançassent, à la fin l’avantage resta aux tenants, dont pas un ne perdit la selle ni ne se détourna de son but, malheur qui survint à un ou deux des adversaires dans chaque rencontre ; si bien que le courage de ceux qui leur étaient opposés paraissait considérablement diminué par ces succès non interrompus.

Trois chevaliers seulement se présentèrent pour la quatrième rencontre, qui, évitant les boucliers de Bois-Guilbert et de Front-de-Bœuf, se contentèrent de toucher ceux des trois autres chevaliers qui n’avaient pas fait preuve d’autant de force et d’adresse.

Ce choix prudent ne fit pas changer le cours de la fortune : les tenants restaient toujours victorieux ; un de leurs adversaires fut renversé, et les deux autres manquèrent