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IVANHOÉ

— Ceux qui suivent Votre Grâce dans les sentiers que vous parcourez, dit Waldemar lui parlant à voix basse, acquièrent le droit d’être vos conseillers ; car votre intérêt et votre salut ne sont pas plus mis en jeu que les leurs.

Au ton dont cela fut dit, Jean vit qu’il était nécessaire de céder.

— Je ne voulais que plaisanter, dit-il, et vous vous retournez sur moi comme autant de couleuvres. Nommez qui bon vous semble, au nom du diable ! et soyez contents.

— Non, non, dit de Bracy, que le trône de la belle souveraine reste vacant jusqu’à ce que le vainqueur soit nommé, et qu’il choisisse alors la dame qui devra l’occuper. Cela ajoutera une faveur de plus à son triomphe, et nos belles dames apprendront par là à apprécier l’amour des vaillants chevaliers qui peuvent les appeler à cet honneur.

— Si Brian de Bois-Guilbert remporte le prix, dit le prince, je gage mon rosaire que je nomme la reine de l’amour et de la beauté.

— Bois-Guilbert, répliqua de Bracy, est une bonne lance ; mais il y en a d’autres dans cette lice, messire prieur, qui ne craindraient pas de se rencontrer avec lui.

— Silence, messieurs ! dit Waldemar, et que le prince prenne place sur son trône. Les chevaliers et les spectateurs sont également impatients. Les heures s’écoulent et il est urgent que les joutes commencent.

Le prince Jean, bien qu’il ne fût pas encore roi, avait déjà trouvé en Waldemar Fitzurze tous les inconvénients d’un ministre favori, qui, lorsqu’il sert son souverain, le veut toujours servir selon ses idées. Cependant le prince n’essaya pas même de résister, bien que son caractère fût précisément un de ceux qui se cramponnaient à des bagatelles ; et, s’asseyant sur son trône entouré de ses serviteurs, il fit signe aux hérauts de proclamer les lois du tournoi, dont voici l’abrégé :

1o Les cinq tenants devaient répondre à tous les survenants.