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IVANHOÉ

montrer son adresse d’écuyer devant tant de spectateurs, surtout du beau sexe, en se dispensant de l’usage de ces soutiens dont se servent les timides cavaliers.

Le reste du cortége du prince Jean se composait des principaux chefs de ses troupes mercenaires, de quelques barons pillards, de libertins attachés à sa cour, et de plusieurs chevaliers du Temple et de Saint-Jean.

On peut remarquer ici que les chevaliers de ces deux ordres étaient considérés comme hostiles au roi Richard, parce qu’ils avaient épousé la cause de Philippe de France, dans la longue série de contestations qui avaient eu lieu, en Palestine, entre ce monarque et le roi d’Angleterre Richard Cœur-de-Lion. On savait bien que le résultat de cette discorde avait été, que les victoires réitérées de Richard étaient restées sans fruit, que ses tentatives romanesques d’assiéger Jérusalem avaient été déjouées, et que toute la gloire qu’il s’était acquise n’avait abouti qu’à une trêve incertaine avec le sultan Saladin. Avec la même politique qui avait présidé à la conduite de leurs frères dans la terre sainte, les templiers et les hospitaliers d’Angleterre et de Normandie s’étaient attachés au parti du prince Jean, n’ayant que peu de motifs pour désirer le retour en Angleterre de Richard ou l’avènement au trône d’Arthur, son héritier légitime.

Pour la raison contraire, le prince Jean haïssait et méprisait le petit nombre de familles saxonnes de distinction qui subsistaient encore en Angleterre, et ne laissait échapper aucune occasion de les mortifier et de les injurier, sachant bien que sa personne et ses prétentions leur étaient insupportables, ainsi qu’à la majorité du peuple anglais, qui appréhendait d’autres innovations touchant ses droits et ses libertés, de la part d’un souverain dont les dispositions étaient aussi licencieuses et aussi despotiques que celles de Jean.

Accompagné de ce galant équipage et splendidement vêtu de cramoisi et d’or, portant sur son poing un faucon,