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château. Veuillez m’en croire : lorsque je vois réuni ce qu’il y a de moderne dans cette chambre à sa vénérable antiquité, et que je me rappelle qu’elle fait partie des propriétés de Votre Seigneurie, je trouve mes quartiers meilleurs que ceux que pourrait me procurer le plus élégant hôtel de Londres.

— J’espère, je n’en ai même aucun doute, que vous vous trouverez ici aussi bien que je le désire, mon cher général, dit le jeune seigneur. Et souhaitant de nouveau une bonne nuit à son ami, il lui serra la main et se retira.

Le général regarda encore une fois autour de lui, et intérieurement il se félicita de son retour à la vie paisible, dont il appréciait davantage les bienfaits en songeant aux fatigues qu’il avait éprouvées et aux dangers qu’il avait courus. Tout en réfléchissant ainsi, il se déshabilla, et se prépara, en idée, à passer une bonne nuit.

Ici, malgré l’habitude suivie dans ce genre d’histoire, nous laisserons le général en possession de son appartement jusqu’au lendemain matin.

La société s’assembla de bonne heure pour déjeuner ; mais le général Brovvn, qui était de tous les convives de lord Woodville celui auquel le jeune seigneur attachait le plus d’importance, ne parut pas. Lord Woodville exprima plus d’une fois sa surprise de cette absence, et finit par envoyer un domestique s’informer de ce qu’il était devenu. Cet homme rapporta bientôt pour réponse que le général Brown se promenait depuis la pointe du jour, malgré un temps froid et pluvieux.

— C’est une habitude de soldat, dit le jeune lord à ses amis ; la plupart des militaires ne peuvent plus dormir après l’heure à laquelle le devoir les forçait à se lever.

Cependant cette explication que lord Woodville donnait à ses convives lui paraissait à peine satisfaisante à lui-même, et il attendait en silence et comme absorbé dans ses pensées le retour du général, qui eut lieu près d’une heure après que la cloche du déjeuner eut sonné, Brown avait l’air fatigué et malade ; ses cheveux, dont l’arrangement était à cette époque une des plus importantes occupations d’un homme pendant une partie de la journée, et annonçait son goût, comme aujourd’hui le nœud d’une cravate ; ses cheveux étaient en désordre, sans poudre, et humides de rosée ; ses habits semblaient avoir été jetés sur lui sans aucun soin, chose remarquable dans un militaire, qui par devoir est obligé de donner quelque attention à sa toilette ; ses yeux étaient égarés d’une manière étrange.