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ques nouvelles questions lui apprirent que c’était bien le même que le possesseur de ce beau domaine. Il avait été élevé à la pairie par la mort de son père, et, ainsi que le général l’apprit par le maître de l’auberge, le deuil étant fini, le jeune pair prenait possession de l’héritage paternel dans le mois le plus gai de l’automne, accompagné d’une société d’amis choisis qui venaient jouir avec lui des plaisirs de la chasse dans un pays fertile en gibier.

Ces nouvelles étaient délicieuses pour notre voyageur. Frank Woodville avait été le compagnon des jeux de Richard Brown à Eton, son ami intime au collège de Christ-Church ; leurs plaisirs et leurs travaux avaient été les mêmes, et le cœur du brave soldat jouissait de voir son ancien ami en possession d’une résidence charmante et d’un domaine, comme l’aubergiste l’en assura avec un signe de tête et en clignant des yeux, d’un domaine capable d’ajouter à sa dignité. Il n’y avait rien de plus naturel que le général suspendît un voyage qui n’était pas pressé, pour rendre une visite à son ancien ami, dans des circonstances aussi favorables.

Les nouveaux chevaux eurent donc seulement la tâche de conduire le général, dans sa voiture de voyage, au château de Woodville. Un portier reçut l’officier à une loge en même temps moderne et gothique, bâtie dans ce dernier style pour correspondre avec le château. Le portier sonna afin d’annoncer une visite. Apparemment le son de la cloche arrêta le départ de la société, qui était sur le point de se séparer pour jouir des divers amusements d’une matinée de château, car, en entrant dans la cour, Brown vit plusieurs jeunes gens qui se promenaient en habit de chasse, regardant et critiquant des chiens que des gardiens tenaient prêts pour leur amusement. Au moment où Brown descendit de voiture, le jeune lord vint à la porte du vestibule, et pendant un instant arrêta ses regards sur l’étranger, car il ne reconnaissait point un visage que la guerre, les fatigues et les blessures avaient considérablement altéré. Mais cette méprise cessa aussitôt que Brown eut fait entendre sa voix, et la reconnaissance qui s’ensuivit fut celle de deux amis qui avaient passé ensemble les jours heureux de leur enfance et de leur première jeunesse.

— Si j’avais pu former un désir, mon cher Brown, dit lord Woodville, c’eût été de vous posséder ici dans une semblable occasion, que mes amis sont assez bons pour célébrer comme un jour de fête. Ne pensez pas que vous ayez été oublié pendant les années de votre absence ; je vous ai suivi à travers vos dangers, vos triomphes, vos malheurs, et j’ai été heureux de voir que, dans la