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La petite ville et son église gothique, dont la tour attestait la dévotion des siècles reculés, était située au milieu de pâturages et de champs de blé de peu d’étendue, mais entourés de haies et d’antiques et grands arbres. On y voyait peu de signes d’innovations modernes. Les environs ne présentaient point la solitude des ruines ni le mouvement qu’occasionnent des réparations. Les maisons étaient vieilles, mais en bon état, et la jolie petite rivière qui murmurait en coulant librement à gauche de la ville, n’était ni retenue par des écluses ni bordée par un chemin de halage.

Sur une éminence, environ à un mille de la ville du côté du sud, on apercevait, au milieu de vénérables chênes et d’épais taillis, les tours d’un château aussi vieux que les guerres d’York et de Lancastre, mais qui paraissait avoir éprouvé de grands changements sous le règne d’Elisabeth et de son successeur. Ce n’était pas un bâtiment considérable, mais toutes les commodités qu’il procurait autrefois devaient encore, on pouvait le supposer, être trouvées dans ses murs ; du moins telle était l’opinion que le général Brown venait de concevoir en voyant la fumée s’élever rapidement des vieilles cheminées sculptées. Les murs du parc bordaient le grand chemin pendant deux ou trois cents verges, et les différentes parties boisées que l’œil pouvait apercevoir semblaient être pourvues de gibier. D’autres points de vue présentaient alternativement, tantôt la façade du vieux château, et tantôt une partie des différentes tours ; le premier, riche dans toutes les bizarreries de l’architecture d’Elisabeth, tandis que l’aspect simple et solide des autres parties du bâtiment semblaient prouver qu’elles avaient été construites plutôt comme moyen de défense que par ostentation féodale.

Enchanté de ce qu’il pouvait apercevoir du château à travers les bois et les clairières dont cette ancienne forteresse était entourée, notre voyageur militaire résolut de s’informer si le bâtiment ne valait pas la peine d’être vu de plus près, et s’il contenait quelques portraits de famille ou autres objets de curiosité dignes de la visite d’un étranger. Il quitta donc les environs du parc, et traversant une rue propre et bien pavée, s’arrêta devant une auberge qui paraissait assez fréquentée.

Avant de demander des chevaux pour continuer son voyage, le général Brown fit quelques questions touchant le propriétaire du château qui avait captivé son admiration. Sa surprise égala sa joie en entendant nommer un gentilhomme que nous appellerons lord Woodville. Quel bonheur ! la plupart des souvenirs de Brown à l’école et au collège étaient unis à l’idée du jeune Woodville. Quel-