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d'intellectuels et d'ouvriers — beaucoup venus de province, dont des mineurs du Nord en costume de travail, avec leur fanfare — l'accompagna, sur un épais tapis de neige, jusqu'au grand cimetière du Père-Lachaise, à l'autre extrémité de la capitale. Tout au long du parcours, en dépit d'un froid intense, le peuple de Paris, qu'il avait tant aimé, s'était massé pour ce dernier hommage. Deux ans plus tard, le 17 novembre 1948, vint la consécration suprême. Le gouvernement associa dans cet hommage Paul Langevin et Jean Perrin (dont les cendres avaient été ramenées des USA où il s'était réfugié pendant l'Occupation). Pendant une longue veillée dans le grand hall du Palais de la Découverte, drapé de bleu azur, où résonnèrent inlassablement la Marche funèbre de Beethoven et la Symphonie de César Franck, les amis et les admirateurs des deux savants se relayèrent pour une garde d'honneur auprès de leurs cercueils recouverts des couleurs de « la Patrie reconnaissante ». Au matin, précédées par la Garde républicaine, portées par des étudiants et suivies d'un long cortège d'officiels et d'amis, leurs dépouilles entrèrent au Panthéon...

Éliane Montel, agrégée de l'Université, secrétaire scientifique de Paul Langevin