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"SCIENTIA„

Les explorations de Skinner sur les cordillères du Guatemala, de Gibson dans l’Inde, notamment sur le Khasia Hill, de Gardner sur les Montagnes des Orgues au Brésil, de William Lobb sur les Andes péruviennes, de Mottley sur les montagnes de Java apprirent, presque simultanément vers 1835, quelles fleurs merveilleuses s’épanouissaient aux hautes altitudes; aussi est-ce de cette année que date une remarque importante faite par Joseph Oooper, jardinier émérite du Comte de Fitzwilliam. Selon lui, on cultivait très souvent les Orchidées à une température trop haute, l’ on avait surtout grand tort, par crainte du froid, de les calfeutrer ; on arrivait ainsi fréquemment à les étouffer, car dans cette atmosphère confinée, chargée d’anhydride carbonique, la vie devenait très difficile et il est même extraordinaire que les échecs n’aient pas été plus fréquents. Les méthodes de culture préconisées par Cooper devaient conduire peu à peu à classer les serres en trois catégories d’après la température qui devait y être maintenue: la serre chaude, la serre tempérée et la serre froide. Cette dernière est aujourd’hui ornée de plantes de premier ordre et parmi elles il faut tout d’abord signaler les Odontoglosses qui rivalisent avec les Cattleya pour la beauté de leurs fleurs. C est cependant seulement en 1863 qu’a été introduite l’espèce la plus remarquable de ce genre, l’Odontoglosse crispé; et cette plante fut envoyée simultanément par trois collecteurs qui exploraient avec ardeur les mêmes régions américaines: Weir, Blunt et Schlim qui voyagaient individuellement le premier pour la Société d’horticulture de Londres, le second pour l’horticulteur anglais Hugo Low, le troisième pour la maison Linden de Belgique. Ce steeple chase pour l’introduction d’une Orchidée indique qu’elle était en Europe l’objet d’une attente passionnée et témoigne des efforts considérables faits de divers côtés pour compter une merveille de plus dans les serres.

On conçoit, en relatant de pareils efforts, que la culture des Orchidées ait pris un essor considérable. D’ailleurs toutes les grandes maisons de commerce ont dès lors subventionné des explorateurs pour aller découvrir dans les pays les moins connus et les plus inaccessibles toutes les espèces rares, et c’est par milliers que les Orchidées commencèrent à affluer en Europe. Les voyageurs profitaient de la période de repos du végétal, pendant la saison sèche, pour enlever l’epiphyte de son support