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LES PROGRÈS DE LA CULTURE DES FLEURS ETC.

les Orchidées tropicales ne sont pas aériennes, on ne tarda pas l’apprendre, et lorsque les Sabots de Vénus vinrent faire le plus bel ornement des serres d’Europe, on les cultiva en pots puisque c’étaient des plantes terrestres et l’on ajouta un peu de terre franche au compost qui convenait à la plupart des Orchidées.[1]

Il ne pouvait pas venir à la pensée de cultiver des espèces habituées au climat tropical ailleurs que dans les serres chaudes et, en 1830, Lindley, qui a contribué si puissamment aux progrès de la science des Orchidées, insistait sur la nécessité de réaliser autour des types en culture les deux facteurs qui caractérisent les conditions climatériques équatoriales : chaleur et humidité. C’est à partir surtout de ce moment que fut complètement perfectionnée la technique qui permettait d’obtenir dans les serres ces températures élevées, cette atmosphère chargée de vapeur d’eau jusqu’à saturation par des arrosages fréquents non seulement des plantes mais des sentiers, des murs, des tablettes, reproduisant ainsi artificiellement ces pluies constantes, ces orages qui éclatent presque journellement dans beaucoup de contrées équatoriales.

Malheureusement ce mode de traitement, qui réussissait merveilleusement avec certains végétaux, conduisait, au contraire, avec beaucoup d’autres, à des échecs lamentables : Lindley et tous les horticulteurs admettaient en 1830 que toutes les plantes tropicales sont habituées à un climat uniforme; or il suffit sous l’équateur de s’élever sur les pentes d’une montagne pour voir le climat changer. Les espèces montagnardes des pays chauds ne devaient pas être traitées comme les végétaux essentiellement tropicaux habitués exclusivement à des températures élevées. Il y a beaucoup d’Orchidées, et non des moins belles, qui vivent au voisinage de la neige dans des contrées où le thermomètre descend à zéro.

  1. Un récent et important perfectionnement a consiste à traiter autrement les espèces qui vivent sur le calcaire et celles qui le redoutent. Ces dernières doivent être arrosée avec de l’eau de pluie si les eaux courantes de la région où l’on se trouve ont dissous la calcaire (ce qui est le cas le plus ordinaire en France) et les tessons de drainage sont obtenus en concassant des pots. Avec des espèces calcaires comme les Gypripedium bellatulum, concolor, niveum, Godefroyae, on fait un drainage avec des morceaux de mortier ; on mélange d’ailleurs au compost des fragments de pierres calcaires et l’on arrose avec l’eau ordinaire.