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"SCIENTIA„

désignés par le célèbre botaniste suédois sous le nom d’Epidendres, voulant traduire ainsi par ce nom générique qu’ils avaient ce caractère commun de pousser sur les arbres.

Un missionnaire portugais, Loureiro, botaniste distingué qui a étudié la flore de l’Indo-Chine, a été très fortement frappé par le mode d’existence de l’Aerides odoratum qui vit « librement suspendu dans l’air sans aucune nourriture, ni base soit terrestre, soit aqueuse ». En 1812, Loddiges publiant le premier catalogue des Orchidées cultivées dans les serres de Hackney, en Angleterre, déclarait avoir reçu l’Oncidium ensifolium d’un voyageur revenant de Montevideo qui avait vu fleurir cette plante dépourvue de toute terre dans la cabine qu’il occupait à bord.

Les horticulteurs ont cherché tout d’abord à reproduire artificiellement cette vie aérienne et c’est ainsi que le célèbre Joseph Banks, en 1817, a décrit les premiers essais de culture en paniers suspendus à la charpente des serres. Le traitement des Orchidées dans des pots, avec une terre quelconque, qui avait été employé dans les premières tentatives d’acclimatation à la fin du XVIIIe siècle, était tout à fait barbare et conduisait inévitablement à la mort de ces délicates plantes aériennes : personne n’aurait l’idée de vouloir faire vivre un poisson hors de l’eau : pourquoi pouvait-on croire qu’une espèce habituée à la libre vie épiphyte s’accomoderait sans danger de la basse existence terrestre ?

Ce mode de culture une fois trouvé a été peu à peu perfectionné : pour certains types se rencontrant exclusivement sur la couronne des arbres, on imagina de les fixer à un morceau de bois avec un fil de laiton avec un peu de mousse pour leur donner de l’humidité d’une manière permanente. Une mousse aquatique, le Sphagnum, a paru particulièrement apte à remplir ce rôle à cause de ses propriétés inhibitrices ; c’est en 1841 que Paxton le mentionne pour la première fois comme employé par lui dans les serres du duc de Devonshire. Il restait à découvrir le compost habituel employé pour la plupart des Orchidées qui consiste en un mélange intimement fait de Sphagnum et de fibres de racines de Fougère (peat des Anglais, Osmunde, Polypode) après que ces deux éléments ont été hachés, ce mélange recouvrant des fragments de pots casses servant pour le drainage (tessons placés à la partie inférieure des récipients dans lesquels la plante est mise). Mais toutes