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l’espace y deviennent variables avec le système de référence, avec le mouvement des observateurs.

Dans les conceptions nouvelles, un seul cas subsiste et doit subsister où le changement du système de référence est sans effet : c’est celui où les deux événements coïncident à la fois dans l’espace et dans le temps : cette double coïncidence doit avoir en effet un sens absolu puisqu’elle correspond à la rencontre des deux événements et que de cette rencontre peut jaillir un phénomène, un événement nouveau, ce qui a nécessairement un sens absolu. Reprenant l’exemple précédent, si les deux objets qui sortent du wagon par un même trou en sortent simultanément, si leurs sorties coïncident à la fois dans l’espace et dans le temps, il en pourra résulter un choc, une rupture des objets, et ce phénomène de choc a un sens absolu, de sorte que dans aucune conception du monde, électromagnétique ou mécanique, la coïncidence à la fois dans l’espace et dans le temps, si elle existe pour un groupe d’observateurs, ne pourra être niée par un autre groupe, quel que soit son mouvement par rapport au premier. Pour ceux qui voient passer le wagon comme pour ceux qui s’y trouvent, les deux objets se seront brisés mutuellement parce qu’ils sont passés en même temps au même point.

Exception faite de ce cas très particulier, il est facile de voir que la conception électromagnétique exige un remaniement profond de la notion d’univers. Les équations de l’électromagnétisme impliquent, sous leur forme habituelle, qu’une perturbation électromagnétique, une onde lumineuse par exemple, se propage dans le vide avec une même vitesse dans toutes les directions, égale à trois cent mille kilomètres par seconde environ.

Les faits expérimentaux nouvellement établis ayant montré que si ces équations sont exactes pour un groupe d’observateurs, elles doivent l’être aussi pour tous autres quels que soient leurs mouvements par rapport au premier, il en résulte ce fait paradoxal qu’une perturbation lumineuse donnée doit se propager avec la même vitesse pour différents groupes d’observateurs en mouvement les uns par rapport aux autres. Un premier groupe d’observateurs voit une onde lumineuse se propager dans une certaine direction avec la vitesse de trois cent mille kilomètres par seconde et voit un autre groupe d’observateurs courir après cette onde avec une