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où les deux événements se passent) et un intervalle dans le temps.

On peut ainsi définir le temps par l’ensemble des événements qui se succèdent en un même point, par exemple dans une même portion de matière liée au système de référence, et définir l’espace par l’ensemble des événements simultanés. Cette définition de l’espace correspond en effet à ceci que la forme d’un corps en mouvement est définie par l’ensemble des positions simultanées des diverses portions de matière qui le composent, de ses divers points matériels, par l’ensemble des événements que constituent les présences simultanées de ces divers points matériels. Si l’on convient avec Minkowski d’appeler ligne d’univers d’une portion de matière qui peut être en mouvement par rapport au système de référence, l’ensemble des événements qui se succèdent dans cette portion de matière, la forme d’un corps à un instant donné est déterminé par l’ensemble des positions simultanées sur leurs lignes d’univers des divers points matériels qui composent ce corps.

La notion de simultanéité d’événements qui se passent en des points différents se présente ainsi comme fondamentale dans la définition même de l’espace lorsqu’il s’agit de corps en mouvement, et c’est le cas général.

Dans la conception ordinaire du temps on attribue à cette simultanéité un sens absolu, on la suppose indépendante du système de référence ; il est nécessaire que nous analysions de plus près le contenu de cette hypothèse généralement tacite.

Pourquoi n’admettons-nous pas d’ordinaire que deux événements, simultanés pour un certain groupe d’observateurs, puissent ne pas l’être pour un autre groupe en mouvement par rapport au premier, ou, ce qui revient au même, pourquoi n’admettons-nous pas qu’un changement du système de référence permette de renverser l’ordre de succession dans le temps de deux événements ?

Cela tient évidemment à ce que nous admettons implicitement que, si deux événements se succèdent dans un certain ordre pour un système donné de référence, celui qui s’est produit le premier a pu intervenir comme cause et modifier les conditions dans lesquelles s’est produit le second, quelle que soit la distance qui les sépare dans l’espace.

Dans ces conditions il est absurde de supposer que pour