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“SCTENTIA„

Non. Pas plus que ne le voudront nos contemporains, qui tous, quelle qu’ait été leur attitude première, poursuivent au fond une vérité qui soit plus qu’une satisfaction toute subjective, Cournot n’accepte pas de s’en tenir à cette sorte de pragmatisme intellectuel. Il n’accepte pas davantage, comme on l’en accuse quelquefois, d’avoir recours à un vague probabilisme qui rappellerait trop, à ses yeux, Arcesilas ou Carnéade. Pour faire saisir le plus exactement l’esprit dans lequel il cherche non pas à rendre probable, mais à assurer pour toute intelligence saine et normale la valeur objective d’une affirmation qui dépasse l’élément positif de la science, je demande la permission, renversant ici l’ordre chronologique, de rappeler d’abord la page si connue où M. Poincaré veut à tout prix, en dépit de ses analyses quelque peu effrayantes, garantir la vérité de la thèse copernicienne. « Non, il n’y a pas d’espace absolu ; ces deux propositions contradictoires : « la Terre tourne », et « la Terre ne tourne pas » ne sont donc pas cinématiquement plus vraies l’une que l’autre… Mais si l’une nous révèle des rapports vrais que l’autre nous dissimule, on pourra néanmoins la regarder comme physiquement plus vraie que l’autre, puisqu’elle a un contenu plus riche. Or a cet égard, aucun doute n’est possible. - Voilà le mouvement diurne apparent des étoiles, et le mouvement diurne des autres corps célestes, et d’autre part l’aplatissement de la Terre, la rotation du pendule de Foucault, la giration des cyclones, les vents alizés, que sais-je encore ! Pour le Ptoléméien tous ces phénomènes n’ont entre eux aucun lien ; pour le Copernicien, ils sont engendrés par une même cause. En disant « la Terre tourne », j’affirme que tous ces phénomènes ont un rapport intime, et cela est vrai, et cela reste vrai, bien qu’il n’y ait pas et qu’il ne puisse y avoir d’espace absolu.

« Voilà pour la rotation de la Terre sur elle-même ; que dire de sa révolution autour du Soleil ? Ici encore, nous avons trois phénomènes qui pour le Ptoléméien sont absolument indépendants et qui pour le Oopernicien sont rapportés à la même origine ; ce sont les déplacements apparents des planètes sur la sphère céleste, l’aberration des étoiles fixes, la parallaxe de ces mêmes étoiles. Est-ce par hasard que toutes les planètes admettent une inégalité dont la période est d’un an, et que cette période est précisément égale encore à celle de