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vement d’ensemble des eaux) cette perte doit tendre, par suite, à diminuer la vitesse de rotation de la Terre et provoquer ainsi un accroissement de la longueur du jour, notre mesure du temps. Tant que la période de rotation de la Terre (le jour) différera de la période de révolution de la Lune (le mois) la tendance sera d’amener ces deux périodes en concordance bien qu’il ne s’ ensuive aucunement qu’elles soient vraiment plus voisines maintenant qu’elles ne l’aient jamais été dans les temps passés. Bien qu’il y ait des causes compensatrices, telles que la contraction de la croûte terrestre et la chute de matière météorique, qui tendent à produire une diminution de la longueur du jour, nous n’avons aucun fait qui prouve que cette période soit plus courte ou plus longue aujourd’hui qu’elle ne l’était aux premières époques de l’histoire. En tout cas, le frottement dû à la marée produit pour l’instant ses effets avec une lenteur extrême et, en fait, personne ne peut dire si la Terre tourne un tant soit peu plus vite ou plus lentement qu’elle ne l’a fait pendant des siècles innombrables. Pourtant, de l’avis de Sir George Darwin, pendant la période supposée où notre planète était à l’état liquide, cet effet a dû être beaucoup plus énergique. — Les mémoires du présent volume renferment : des recherches concernant les marées des sphéroïdes visqueux et semi-élastiques; des notes sur la théorie de Lord Kelvin, la détermination des effets séculaires dus au frottement des marées par une méthode graphique, et le frottement dû aux marées à la fois sur une planète pourvue de plusieurs satellites, de même que les modifications produites dans l’orbite d’un satellite tournant autour d’une planète distordue par les marées; enfin, un mémoire important sur les efforts produits dans l’intérieur de la Terre par le poids des continents et des montagnes. Ces mémoires avaient tous été publiés d’abord de 1879 à 1882, mais ils sont reproduits ici avec quelques modifications et après avoir été révisés.

La théorie de l’évolution des marées basée sur ces recherches peut être formulée brièvement comme suit.

Les effets du frottement dû à la marée étant, comme nous l’avons vu, d’allonger la période de rotation, il est évident que, du moins en ce qui concerne uniquement cette seule cause, il est raisonnable de supposer que la rotation de la Terre peut avoir été plus rapide aux temps passés qu’elle n’est à présent. Sir George Darwin suppose une planète ayant environ 8000 milles (de 1610 mètres) [13.000 kilomètres] de diamètre, partiellement solide, partiellement fluide et partiellement gazeuse. Il suppose que cette planète tourne autour d’un axe incliné de 11 ou 12 degrés sur la normale à l’écliptique (la moitié de la quantité réelle) et tournant sur elle-même en 2 à 4 heures, sa distance au Soleil