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LES PROGRÈS DE LA CULTURE DES FLEURS ETC.

indifférenciée m’amena à affirmer que la ténuité de la semence des Orchidées, si grande qu’elles ont été qualifiées de scobi- formes, était une des conséquences lointaines de la présence des mycorhizes et due vraisemblablement aux toxines qui agissant à distance empêchaient l’embryon d’évoluer et de produire, comme dans presque toutes les graines, une radicule, une tigelle et des cotylédons.

Cette nouvelle manière de voir entraînait des conséquences inattendues : la graine dépourvue de champignons, devait certainement se contaminer une fois qu’elle était déposée dans le sol et il pouvait venir à la pensée que les échecs des horticulteurs dans leurs tentatives de culture des semences d’Orchidées tenaient peut-être à ce qu’ils ignoraient les particularités qui viennent d’être exposées concernant la biologie de ces plantes. Il était réservé à un de mes élèves, M. Noël Bernard, d’avoir le grand mérite de prouver que ces conséquences étaient bien exactes. Ayant étudié la Neottie nid d’Oiseau et cherché vainement à en faire développer les semences microscopiques, il eut la bonne fortune de rencontrer en excursion botanique une capsule de cette plante qui s’était infléchie vers le sol et dont la déhiscence avait eu lieu dans la terre : ces graines avaient germé. En étudiant leur structure il vit qu’elles étaient envahies par un champignon, vraisemblablement celui qui était dans les racines du pied mère. Cette observation si heureuse fut un trait de lumière, elle expliquait tous les échecs culturaux des praticiens et la raison de leur réussite quand ils déposaient les graines au pied de la plante mère.

Cependant une méthode nouvelle de culture qui tendait à se répandre dans le monde horticole semblait s’accorder bien i>eu avec l’explication précédente. Au lieu de déposer les graines sur la base de la plante mère, plusieurs jardiniers les semaient dans des terrines contenant différents substrats, par exemple de la sciure de bois. Comme ils obtenaient fréquemment des résultat heureux, il ne pouvait être question de contamination par les champignons des racines, et l’explication de M. Noël Bernard qui bouleversait tellement les idées des horticulteurs leur paraissait d’autant moins admissible que leurs essais étaient toujours infructueux quand une sorte de mousse blanche, c’est-à-dire une moisissure ou un champignon, envahissait la sciure au milieu de laquelle les fines