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LES PROGRÈS DE LA CULTURE DES PLEURS ETC.

nier en Chef du Luxembourg- a été vendu à Londres 7650 francs.

Des prix aussi élevés sont en somme justifiés par la rareté des plantes, par la difficulté pour les obtenir et par leur admirable beauté. Il faut parfois vingt années d’efforts et de culture pour arriver à mener à bien une germination, la soigner avec [une attention ardente, lutter contre tous les ennemis qui la guettent, la sauver de tous les mauvais pas et la conduire jusqu’à floraison. Mais peu à peu ces raretés se répandent et dans un avenir qui ne sera pas lointain on peut espérer que les amateurs de Cypripèdes qui n’avaient à choisir qu’entre une cinquantaine de types en auront des centaines, même des milliers. Ces hybrides ont ce caractère très remarquable d’être pour ainsi dire indéfiniment féconds, de sorte qu’en croisant les hybrides entre eux on peut augmenter presque sans limite leur nombre.

Chaque éleveur en cherchant à créer un type nouveau poursuit un idéal qu’il réalise parfois d’une manière très heureuse. La perfection n’est pas atteinte du premier coup mais par des retouches successives il finit par s’en rapprocher. Au nombre des créations les plus réussies de M. Opoix, jardinier en chef du Sénat, on peut citer les rejeton de l’œnanthum du Luxembourg, qui était déjà réputé lui-même par les dimensions géantes de ses fleurs. Malgré ses qualités incontestables, cette plante n’était pas encore l’oiseau rare rêvé par l’hybrideur insatiable, aussi chercha-t-il à lui infuser un sang nouveau: il s’est adressé pour cela à un joli petit Cypripède de l’Inde, de la région du Bhotan, le Cypripède de Fairrie qui a été introduit en Europe en 1855. Cette espèce délicate avait été perdue successivement par tous les horticulteurs qui ne savaient pas lui donner le traitement approprié; le jardin du Luxembourg a été le seul établissement où on ait su la conserver: on voit par cet exemple de longévité culturale qu’une Orchidée bien soignée peut être conservée presque indéfiniment. En croisant ce Cypripède nain avec l’œnanthum géant, on a obtenu deux merveilles parmi les Sabots de Vénus : Germaine Opoix et Gaston Blutel qui surpassent tout ce qui avait été réalisé jusque là par la splendeur du pavillon largement étalé et.par le chaud coloris, caractères qui sont manifestement des héritages du Fairrieanum. On voit d’ailleurs dans ces hybrides se manifester l’action des parents d’une