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“SCIENTIA„

a des hybrides très dissemblables : les Cypripèdes étant hermaphrodites, on peut prendre l’une des espèces pour père ou pour mère. Si l’on n’admet pas la règle de nomenclature que nous venons de rappeler ce n’ est pas 600 mais 1500 hybrides qu’ il faudrait citer pour ce genre seulement. On comprend que Lindley quand apparut le Oalanthe X Dominyi ait dit : « vous voulez rendre les botanistes fous ». Jamais jusqu’ici le mot de Bailey n’avait été si vrai: « le jardin a toujours été l’epouvantail du botaniste ». Il fait reconnaître que les créations horticoles ainsi obtenues avec les Orchidées et notamment avec les Sabots de Vénus ont des caractères sur les quels il est bon d’insister et qui sont autres que ceux que l’on a coutume de voir dans les Chrysanthèmes ou dans les Koses. Les variétés en nombre immense que l’on connaît comme appartenant à ces deux types floraux diffèrent les unes des autres par des particularités souvent infimes, de légers changements de nuance, de taille etc.; quand on examine leur ensemble dans une exposition on a la sensation de la continuité. On s’aperçoit cependant que, par l’accumulation de ces petites dissemblances, on arrive à constituer des types extrêmes tout à fait différents. Lors qu’on examine les hybrides de Cypripède l’impression est autre, les plantes qui ont été croisées entre elles sont si éloignées l’une de l’autre, elles sont séparées par tant de caractères divergents que leur rejeton donne l’impression d’un être autonome, qui tranche d’une manière radicale avec tout ce que l’on connaît et qui donne la notion d’un être nouveau, créé de toutes pièces et dont on chercherait vainement l’analogue en explorant le monde. Ces hybrides ainsi fabriqués par le génie de l’homme ressemblent tout à fait à des espèces nouvelles ; d’ailleurs, par les procédés de culture et de multiplication qui consistent à sectionner les rhizomes, une fois l’être créé par un coup de baguette magique on est assuré de le conserver indéfiniment avec tous les caractères qui ont frappé lors de son apparition. Quand l’une de ces merveilles est signalée dans les bureaux de vente des commissaires priseurs de Londres, c’est une lutte âpre entre les amateurs passionnés pour la possession d’un bijou que personne encore ne connaît et il n’est pas rare de voir ces hybrides nouveaux se vendre à des prix fantastiques : c’ est ainsi que le Cypripède Thalia s’est vendu 300 livres sterlings et le Cypripède Germaine Opoix obtenu par l’habile jardi-