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ne n’étant pas montée au ciel, et le désir d’Herostratos ayant acquis une force inusitée, il résolut de violer la chambre secrète d’Artemis. Il se glissa donc par le lacet de la montagne jusqu’à la rive du Caystre et gravit les degrés du temple. Les gardes des prêtres dormaient auprès des lampes saintes. Herostratos en saisit une et pénétra dans le naos.

Une forte odeur d’huile de nard s’y exhalait. Les arêtes noires du plafond d’ébène étaient éclatantes. L’ovale de la chambre était partagé au rideau tissu de fil d’or et de pourpre qui cachait la déesse. Herostratos, haletant de volupté, l’arracha. Sa lampe éclaira le cône terrible aux mamelles droites. Herostratos les saisit des deux mains et embrassa avidement la pierre divine. Puis il en fit le tour, et aperçut la pyramide verte où était le trésor. Il saisit les clous d’airain de la petite porte, et la descella. Il plongea ses doigts parmi les