Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ÉROSTRATE

La ville d’Éphèse, où naquit Herostratos, s’allongeait à l’embouchure du Caystre, avec ses deux ports fluviaux, jusqu’aux quais du Panorme, d’où on voyait sur la mer profondément teinte la ligne brumeuse de Samos. Elle regorgeait d’or et de tissus, de laines et de roses, depuis que les Magnésiens, leurs chiens de guerre et leurs esclaves qui lançaient des javelots, avaient été vaincus sur les bords du Méandre, depuis que la magnifique Milet avait été ruinée par les Persans. C’était une cité molle, où l’on fêtait les courtisanes dans le temple d’Aphrodite Hétaïre. Les Éphésiens portaient des tuniques amorgines, transparentes, des